dimanche 12 juillet 2015




Voici mon histoire d’antan, plutôt sépia que noir et blanc.
Ce n’est pas du tout ce à quoi j’avais pensé au départ, mais voilà où la page blanche peut nous amener...
attention, pas très gai! :-)

Madeleine

Il faisait encore lourd en ce début de soirée.
Mr Dumont suait à grosse gouttes au volant de sa DS dans son costume caramel. Les joues molles, posées sur son col, il observait du coin de l’œil Madeleine assise à ses côtés.
Dans sa robe blanche, elle prenait l’air par la fenêtre ouverte. Un vent léger, lui chatouillait le nez.

Mr Dumont, n’avait pas vu grandir sa fille.
Elle venait d’avoir 17 ans.
Hier, elle n’était encore qu’une enfant.
Elle courait dans les champs avec ses jupes fleuries. Souriait aux grandes vacances et au vent. Une fleur parmi les fleurs !
Puis elle rejoignait mémé Micheline avec son petit panier, fabriquait avec elle des colliers de perles et de boutons en chantonnant.
Qu’elles étaient loin les soirées étoilées d’été, quand elle improvisait des spectacles au jardin à la lueur des bougies, qu’elle réclamait un silence monacal et qu’elle rêvait de cabanes dans le grand chêne.
Madeleine avait été son soleil sous le ciel gris.

Elle est venue lui demander cette semaine de l’accompagner en voiture au bal du 14 juillet.
Mr Dumont a hésité. Madeleine était-elle en âge d’aller danser ? Qu’aurait pensé sa femme ? L’aurait-elle laissé y aller ?
Madeleine avait le même sourire qu’elle. Profond et sincère qui remonte légèrement sur le coin de la bouche.
Il s’était raclé le fond de la gorge et avait dit : Je vais réfléchir.

Ce soir, Mr Dumont emmène sa fille au bal.
Il la regardera partir en sautillant, rejoindre ses amis sous les lampions que ses yeux humides rendront flous.
Il écoutera un instant la musique au loin, puis sa DS le ramènera tranquillement sur le chemin de la maison.
Il s’installera dans son vieux fauteuil sous le grand chêne, ouvrira un peu son col, poussera un profond soupir, fermera les yeux et se remémorera la voix de sa femme qui lui chantait souvent : Il y a toujours mille soleils à l’envers des nuages.

Il pensera sous les étoiles que la vie est ainsi faite.

2 commentaires:

  1. Pourquoi triste ? Je trouve ça très tendre plutôt... J'avais peur qu'il arrive quelque chose à la petite Madeleine ^_^

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    1. merci Alice! chouette si on s’accroche aux personnages! ;-)

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