choisir un arbre près de chez vous et inventez la personne qui l’a planté
voici mon arbre...
L’arbre
L’arbre est immense.
Au printemps, il s’étire jusqu’au soleil.
L’été, il frémit dans le vent.
L’automne, il se dénude avec pudeur.
Et l’hiver, il abrite les rires des enfants.
et mon texte :
Paul
Je
me souviens… petit, je l’enlaçais et lui racontais mes secrets.
On
rêvait tous les deux de cabane en hauteur.
L’arbre
a toujours été là, au milieu du jardin.
J’imagine
qu’il a été planté par grand-père une soirée fraîche d’automne.
Comme
je le connais, il a certainement du réunir la famille pour définir l’emplacement
précis du nouveau venu.
Tout
a été pensé, mesuré, calculé.
Du
premier coup de pioche au dernier coup de pelle.
Chaque
mètre de jardin aura été étudié.
Chaque
carré de terre, analysé.
La
distance exacte entre la maison et la barrière.
Le
sens du vent.
Et
même la rotation de la Terre afin d’orienter parfaitement sur le jardin l’ombre
de ce futur géant.
Grand-père
était méticuleux, on ne refait pas un ancien coucoutier.
C’est
comme ça qu’il nommait son métier. Ça le faisait marrer.
Il
fabriquait les coucous suisses à la
Maison du Coucou.
Il
était minutieux, le plus soigneux de tous les ouvriers. On le réclamait dès
qu’il y avait un pépin, un grain de sable dans l’engrenage. Il s’y connaissait
en mécanique, mouvements et autres réglages.
C’était
un passionné du coucou. Un dingue de l’horlogerie, un frappé de la
pendule !
A la
maison, il était aussi précis qu’au travail.
Il
distribuait la soupe de façon équitable : une louche un quart par
personne. Pas plus ! Pas moins !
Il
tranchait la baguette au centimètre.
Et
alignait les haricots dans les assiettes.
Mais
c’était un drôle surtout !
Il
racontait des blagues à longueur de journée. Souvent les mêmes, j’en conviens.
Moi,
je rigolais, je rigolais !
Ça
énervait Mémé ses vieilles blagues périmées.
« Change
de disque mon vieux René ! » qu’elle lui disait.
Et
lui il continuait…
Je
l’imagine autour de l’arbre avec son mètre et ses blagues à l’ancienne.
Et
les autres autour qui devaient s’impatienter…
J’aurais
aimé voir ça !
Le
coucou
Voici
mon chez moi.
Enfin
pas uniquement le mien, je ne suis pas assez vieux, mais avant moi, celui de mes
parents, mes grands-parents et mes arrières grands-parents.
L’arbre,
je le connais par cœur. Ses moindres plis, ses moindres recoins.
La
branche un peu tordue là par exemple : c’est celle qui a vu le plus de
fesses en l’air ! Tous les jours
quand elle était jeune, elle a eu droit à son cochon pendu. Ça l’a d’ailleurs
fait pousser de travers. Et croyez-moi, y’avait de quoi !
Ici
vit Mimi, la belle mésange bleue. Je lui fais bien de l’œil de temps en temps.
Mais je crois qu’elle s’est entichée du grand Jojo de l’étage du dessus. Et là,
je peux pas lutter, j’ai beau chanter, je reste court sur pattes. Je ne suis,
après tout, qu’un vulgaire coucou.
On
est nombreux à avoir élu domicile dans l’arbre. Depuis qu’il a poussé, sa
population n’a cessé de s’agrandir. Faut dire qu’il est bien orienté, bien
exposé et qu’il se plait bien au milieu de ce jardin. Comme si il avait été
planté là, exprès.
Là
en bas, c’est Paul.
La
petite quarantaine, la mélancolie en bandoulière.
Il
vient toutes les semaines se recueillir sous l’arbre et murmurer ses prières.
Il
s’est épris de cet arbre comme on s’éprend d’une femme.
Je
lui chante souvent d’aller voir ailleurs, qu’il ne trouvera pas ici l’âme sœur,
mais il ne comprend rien.
Il
s’accroche à cet arbre comme on s’attache à une mère.
Il
s’agrippe à cet arbre comme on se cramponne à un père.
Il
reste assis, contemplatif et rêveur pendant des heures.
Il pense
que c’est son grand-père qui a planté le petit pied végétal.
Alors
il croit au lien du sang, à la transmission générationnelle, à la filiation et à
l’héritage.
L’arbre
c’est sa famille en somme. Ils porteraient tous les deux le même patrimoine, le
même passé, la même histoire.
Je
ne comprends pas tout, je ne suis qu’un coucou…
Mais
s’il savait le pauvre Paul que cet arbre est simplement né d’une petite graine
ingérée, d’un visqueux excrément et d’un heureux coup de vent !
Holala, c'est chouette ! Super cette figure de grand-père coucoutier *__* Il a existé pour de vrai ?
RépondreSupprimermerci Alice!
RépondreSupprimeril y a beaucoup du vrai personnage là-dedans oui!
mais coucoutier non, je l’ai inventé ;)
Poésie et graines d’humour mêlés : quel joli mariage !
RépondreSupprimerOn rêve….merci
merci pour la visite et le petit mot!
Supprimer:)