En décembre dernier, par une nuit de grand froid, j’ai commencé à écrire ça.
Une histoire de princesse gelée qu’il fallait à tout prix réchauffer.
Voici le début de mon texte, c’est Vincent Bazire qui est en train de travailler dessus.
"Il y a bien longtemps, tout au nord de la
Terre, vivait une belle princesse.
Grande. Elégante. Et ravissante.
Pourtant, du haut de sa tour, cette
princesse semblait glaciale, impressionnante.
Elle était venue au monde une nuit d’hiver,
frigorifiée, un peu bleutée.
Si bien qu’on l’avait surnommée Frigotte.
En réalité, Frigotte avait toujours froid.
Depuis sa naissance, elle portait des
mitaines, un bonnet et des vestes de laine.
Mais elle grelottait continuellement.
Les infusions de thé qu’elle buvait à
longueur de journée ne parvenaient pas à la réchauffer.
Ni les bouilloires ni les samovars. Elle frissonnait
du matin jusqu’au soir.
Et les bouillottes de la nuit la laissaient
glacée dans son grand lit.
On avait pourtant tout essayé au château. On
avait fermé toutes les fenêtres afin d’éviter les courants d’airs, installé des
cheminées dans chaque pièce. Mais rien n’y avait fait. Le froid était resté. Et
la princesse toujours gelée.
Un jour, le roi et la reine, n’en pouvant
plus de la voir trembloter à ce point, promirent une belle récompense à celui
ou celle qui parviendrait à la réchauffer peu importe les moyens.
Toutes sortes d’idées fusèrent dans le
royaume. Tout le monde y allait de son génie. Parfois, de sa bêtise aussi.
Pour l’un, Frigotte devait manger de l’ail
tous les matins, « ça réchauffe le cœur » a-t-on dit. Mais la
princesse se mit à avoir une haleine de poisson pourri. On dut arrêter le
traitement rapidement.
Pour un autre, Frigotte ne devait plus
prononcer les sons qui évoquaient le froid : comme br, fr, gl. Et placer trois
fois le mot « chaud» dans chacune de ses phrases.
Elle se mit à parler d’une façon étrange. On
ne la comprenait plus, vous vous en doutez bien.
Ce bref épisode eut quelques incidences sur la renommée de la princesse et sur son apparence. Alors très vite, on y mit fin.
Et on décida plutôt de surchauffer toutes
les pièces du château.
On coupa du bois, on scia, et on brûla. Tant
et si bien que la princesse finit un jour par avoir presque chaud mais qu’il
n’y eut plus un seul arbre dans tout le royaume.
Alors on fit flamber les meubles, les tables
et les chaises. Tout ce qu’on avait sous la main, jusqu’à ce qu’il ne reste presque
plus rien.
Puis un soir, il n’y eut plus grand-chose à
brûler. Le roi et la reine étaient désespérés.
Alors quelqu’un s’avança et
dit : « Je connais quelqu’un
qui connaît quelqu’un qui connaît quelqu’un qui pourrait peut-être vous
aider ! »
On envoya sur le champ quelqu’un chercher ce quelqu’un.
Et c’est quelqu’une
qui arriva. Une très vieille et très petite femme, toute courbée et toute
ridée. Elle dit lentement le doigt en l’air: « Seul le dragon de la forêt
perdue pourra vous aider, et réchauffer la princesse gelée, mais il faudra d’abord
le capturer ! »
On dépêcha des émissaires de par le monde à la
recherche de chevaliers vaillants et courageux. On en présenta 5 au roi. »
...
la suite... une prochaine fois?